La garde en boxe représente bien plus qu'une simple posture défensive - c'est le fondement même sur lequel repose l'ensemble de votre technique de combat. Qu'il s'agisse d'un pratiquant novice ou d'un combattant expérimenté, la qualité de votre garde détermine souvent l'issue d'un affrontement. Une garde solide permet non seulement de vous protéger efficacement contre les assauts adverses, mais sert également de plateforme pour lancer vos propres offensives avec précision et puissance.
Les grands maîtres de la boxe ont toujours accordé une importance capitale à cette position fondamentale, la peaufinant au fil des décennies pour créer diverses écoles et méthodes. Le champion qui néglige sa garde, même momentanément, s'expose à des contrecoups dévastateurs qui peuvent mettre fin à un combat en une fraction de seconde. C'est pourquoi les entraîneurs du monde entier insistent inlassablement sur ce principe: "Ta garde est ton bouclier, ne la baisse jamais".
Maîtriser les subtilités de la garde demande un investissement considérable en temps et en énergie, mais les bénéfices sont inestimables. Une garde parfaitement exécutée devient progressivement un réflexe inscrit dans la mémoire musculaire, permettant au boxeur de concentrer son attention sur la stratégie plutôt que sur sa posture. Plongeons dans les aspects techniques qui vous permettront de développer une défense impénétrable.
Fondamentaux de la garde en boxe anglaise, française et thaï
La garde constitue l'architecture défensive du boxeur, variant subtilement selon la discipline pratiquée. En boxe anglaise, la garde traditionnelle privilégie une position compacte des poings devant le visage, coudes collés au corps pour protéger le plexus solaire. Cette configuration permet des déplacements rapides et des ripostes fulgurantes avec les poings, l'unique arme autorisée dans cette discipline.
La boxe française ou savate adopte une garde plus haute et plus mobile, adaptée à l'utilisation combinée des poings et des pieds. Les bras sont légèrement plus écartés pour faciliter les parades contre les coups de pied, tandis que le buste reste souvent plus droit que dans la boxe anglaise. Cette posture intermédiaire offre un compromis entre protection du haut du corps et capacité à bloquer ou esquiver les assauts aux jambes.
En muay thaï, la garde évolue encore davantage pour s'adapter à l'arsenal complet: poings, pieds, genoux et coudes. La position des avant-bras devient primordiale, formant un bouclier capable d'amortir les impacts puissants. Les coudes sont orientés vers l'extérieur pour intercepter les coups circulaires, tandis que les mains restent près des tempes. La garde est généralement plus statique, privilégiant l'absorption des coups plutôt que l'esquive.
La garde n'est pas une position figée mais un système dynamique qui doit s'adapter constamment à la distance, au rythme et aux intentions de l'adversaire. Une garde efficace est celle qui évolue imperceptiblement pour anticiper et neutraliser les menaces avant même qu'elles ne se concrétisent.
Malgré leurs différences, ces trois disciplines partagent des principes fondamentaux: protéger les zones vulnérables (menton, tempes, foie), maintenir une position équilibrée permettant mobilité et stabilité, et conserver une posture qui facilite le passage instantané de la défense à l'attaque. Le boxeur doit apprendre à respirer correctement dans sa garde, évitant la tension excessive qui épuiserait prématurément ses muscles et ralentirait ses réactions.
Positions des pieds et répartition du poids pour une garde inébranlable
La solidité d'une garde commence par le bas - l'ancrage au sol détermine la stabilité de l'ensemble de la structure défensive. Une répartition optimale du poids corporel entre les deux jambes permet non seulement de résister aux impacts sans perdre l'équilibre, mais également d'initier des déplacements explosifs dans toutes les directions. C'est littéralement le fondement sur lequel repose votre capacité à absorber les coups et à contre-attaquer efficacement.
La position classique recommande une répartition 60/40 du poids, légèrement plus lourde sur la jambe arrière pour faciliter l'esquive et la puissance des coups. Cette distribution permet de maintenir le centre de gravité bas et centré, créant ainsi une base solide tout en conservant la mobilité nécessaire. Toutefois, cette répartition doit fluctuer dynamiquement pendant le combat, s'adaptant aux mouvements offensifs et défensifs.
Technique de l'écartement optimal selon mike tyson et floyd mayweather
Deux champions aux styles diamétralement opposés, Mike Tyson et Floyd Mayweather, ont pourtant développé des principes similaires concernant l'écartement des pieds. Tyson, malgré sa réputation de puissant frappeur, maintenait un écartement relativement étroit d'environ une largeur et demie d'épaules. Cette configuration lui permettait des rotations explosives du tronc pour générer une puissance phénoménale dans ses crochets et uppercuts.
Mayweather, maître de la défense, préférait un écartement légèrement plus large pour amplifier sa mobilité latérale. Son pied avant pointait systématiquement vers l'adversaire, tandis que son pied arrière formait un angle d'environ 45 degrés avec sa ligne de progression. Cette orientation précise lui permettait de pivoter instantanément pour esquiver puis contre-attaquer dans un même mouvement fluide.
L'écartement optimal se situe généralement entre 1,2 et 1,8 fois la largeur des épaules, selon votre morphologie et votre style de combat. Un écartement trop étroit compromet votre stabilité, tandis qu'un écartement excessif réduit votre mobilité et la puissance de vos coups. Expérimentez différentes configurations pour identifier celle qui maximise votre équilibre défensif tout en maintenant votre puissance offensive.
Alignement talon-genou-hanche dans la tradition cubaine
L'école cubaine de boxe, reconnue mondialement pour son excellence technique, accorde une importance capitale à l'alignement parfait entre le talon, le genou et la hanche. Cette configuration biomécanique optimise la transmission des forces à travers la chaîne cinétique, améliorant significativement la stabilité de la garde et l'efficacité des déplacements.
Pour adopter cet alignement, positionnez votre jambe arrière de façon à ce que le talon, le genou et la hanche forment une ligne droite verticale lorsque vous êtes observé de profil. Cette posture permet de maximiser le transfert d'énergie du sol vers le haut du corps lors des rotations, tout en minimisant les tensions articulaires. La jambe avant peut adopter une position légèrement plus flexible, facilitant les déplacements latéraux et les esquives.
Cet alignement précis stabilise non seulement votre garde contre les impacts puissants, mais améliore également l'efficacité énergétique de vos mouvements. Vous constaterez une diminution de la fatigue musculaire dans les jambes lors des combats prolongés, vous permettant de maintenir une garde haute et alerte même dans les derniers rounds.
Transfert dynamique du poids entre garde orthodoxe et southpaw
La capacité à transférer fluidement votre poids entre une garde orthodoxe (pied gauche devant pour un droitier) et southpaw (pied droit devant) constitue un avantage tactique considérable. Ce transfert dynamique, lorsqu'il est exécuté correctement, désoriente l'adversaire tout en créant de nouvelles opportunités offensives sans compromettre votre protection.
Pour maîtriser cette transition, commencez par développer une aisance égale dans les deux gardes. Pratiquez les déplacements fondamentaux dans chaque position jusqu'à ce qu'ils deviennent naturels. Le transfert lui-même s'effectue par un léger saut ou un pas pivot, en maintenant les mains en position haute pour assurer une protection continue pendant la transition.
L'aspect le plus délicat de cette technique réside dans le timing - un transfert mal synchronisé vous expose momentanément. Effectuez ce changement de garde uniquement lorsque vous êtes à distance sécuritaire ou après avoir forcé votre adversaire à se repositionner. En compétition, limitez ces transitions aux moments stratégiques pour préserver l'effet de surprise.
Ancrage au sol et mobilité avec la méthode freddie roach
L'entraîneur légendaire Freddie Roach a développé une approche équilibrée entre ancrage au sol et mobilité, particulièrement adaptée aux combats de haut niveau. Sa méthode repose sur le concept de "pieds lourds, mains légères" - une connexion puissante avec le sol qui soutient l'explosivité du haut du corps.
Pour appliquer cette méthode, visualisez vos pieds comme enracinés dans le sol pendant que vous êtes en position statique, sentant littéralement votre poids s'enfoncer dans le plancher. Lorsque vous décidez de vous déplacer, relevez légèrement les talons tout en maintenant la pression sur la plante des pieds, permettant des déplacements rapides sans perdre votre ancrage.
Cette technique hybride vous permet de résister aux poussées de l'adversaire tout en conservant l'agilité nécessaire pour esquiver et contre-attaquer. Pratiquez des transitions fluides entre l'état "ancré" et l'état "mobile" pour développer une garde dynamique capable de s'adapter instantanément aux changements de rythme et de distance.
Protection du menton et des zones vulnérables
La protection efficace du menton représente la priorité absolue dans toute garde de boxe bien construite. Cette zone particulièrement vulnérable, lorsqu'elle est touchée avec force, peut provoquer une perte de connaissance instantanée en raison des mécanismes neurologiques impliqués. Un impact puissant sur le menton provoque une rotation rapide de la tête qui peut causer un "court-circuit" temporaire du cerveau, conduisant au redoutable knockout.
Pour protéger cette zone critique, le menton doit être légèrement rentré vers la poitrine - pas au point de compromettre votre vision du combat, mais suffisamment pour réduire l'exposition. Les poings doivent être positionnés de manière à créer une barrière directe devant le menton, tandis que les avant-bras forment une seconde ligne de défense en cas de percée. Cette configuration crée un système de protection à plusieurs niveaux qui complique considérablement la tâche de l'adversaire.
Au-delà du menton, d'autres zones anatomiquement vulnérables exigent une attention particulière: les tempes, la mâchoire, le plexus solaire, et le foie. Une garde complète intègre des éléments de protection pour chacune de ces zones, adaptant constamment sa configuration en fonction des angles d'attaque et des tendances offensives de l'adversaire.
Placement des coudes selon l'école soviétique
L'école soviétique de boxe, reconnue pour sa rigueur technique et son efficacité défensive, a développé une approche distinctive concernant le placement des coudes. Cette méthode privilégie des coudes maintenus fermement contre les côtes, créant une carapace protectrice pour le tronc tout en permettant une couverture rapide du visage.
Pour adopter ce placement, positionnez vos coudes de façon à ce qu'ils touchent légèrement vos côtes flottantes, créant ainsi une barrière naturelle devant votre plexus solaire et votre foie. Cette position compacte permet de dévier les coups au corps sans compromettre votre capacité à protéger votre tête. Lorsqu'un coup est dirigé vers votre visage, le coude du même côté remonte instantanément, servant de contrefort à votre défense manuelle.
L'avantage principal de cette technique réside dans son économie d'énergie. En maintenant les coudes près du corps, vous réduisez significativement la fatigue musculaire des épaules, permettant de conserver une garde haute plus longtemps. Cette approche favorise également des contre-attaques compactes et puissantes, particulièrement efficaces dans les échanges rapprochés.
Configuration des gants pour le shell defense de philly
Le "shell defense" ou "défense en carapace", popularisé par l'école de boxe de Philadelphie, représente l'une des configurations défensives les plus hermétiques jamais développées. Cette technique, perfectionnée par des champions comme Bernard Hopkins, repose sur un positionnement particulier des gants qui maximise la couverture des zones vulnérables tout en permettant une vision périphérique satisfaisante.
Dans cette configuration, le gant avant est positionné légèrement plus haut que le gant arrière, créant une structure diagonale. Le gant avant protège principalement la tempe et l'œil du même côté, tandis que le gant arrière couvre le menton et la mâchoire. Les avant-bras complètent cette structure défensive en protégeant le plexus solaire et les côtes.
La particularité du shell defense réside dans sa capacité à piéger les coups adverses dans les "poches" créées par la position des bras. Plutôt que de simplement bloquer les impacts, cette garde les absorbe et les neutralise, réduisant considérablement leur efficacité. Cette technique nécessite cependant une excellente condition physique des épaules et une grande discipline pour maintenir la position correcte sous la pression.
Protection de la ligne médiane inspirée des techniques de canelo alvarez
Canelo Alvarez a révolutionné l'approche défensive moderne en accordant une attention particulière à la protection de la ligne médiane verticale du corps. Cette ligne imaginaire qui divise le corps en deux moitiés symétriques représente un axe particulièrement vulnérable, où les coups droits peuvent pénétrer avec une efficacité dévastatrice si la garde n'est pas correctement configurée.
Pour adopter cette protection médiane, positionnez votre main avant légèrement plus près du centre de votre visage que dans une garde conventionnelle. Votre main arrière doit rester proche de votre menton, créant ainsi une barrière superposée le long de cette ligne centrale. Cette configuration nécessite un léger ajustement de la position des coudes, qui doivent pointer davantage vers l'avant tout en restant suffisamment près du corps pour protéger le tronc.
Cette approche défensive est particulièrement efficace contre les adversaires qui
privilégient les coups directs et les enchaînements linéaires. En neutralisant leur capacité à pénétrer votre défense par le centre, vous les forcez à adopter des trajectoires plus larges et prévisibles, facilitant vos contres. Canelo utilise cette protection médiane comme fondement de son système défensif, lui permettant d'absorber les assauts des puncheurs les plus redoutables de sa catégorie.
Micro-ajustements faciaux pour anticiper les crochets
Au plus haut niveau, la défense contre les crochets repose sur des micro-ajustements faciaux souvent imperceptibles pour le spectateur non-initié. Ces subtils mouvements du visage et de la tête complètent la garde manuelle pour créer un système défensif pratiquement impénétrable contre les attaques circulaires, particulièrement dangereuses par leur capacité à contourner une garde conventionnelle.
La technique consiste à incliner légèrement la tête dans la direction opposée au crochet entrant, tout en rentrant simultanément le menton. Ce mouvement minimaliste réduit l'angle d'impact potentiel et augmente la distance que le coup doit parcourir pour atteindre sa cible. Combiné à un léger recul du buste, cet ajustement transforme ce qui aurait pu être un impact frontal dévastateur en un coup glissant de moindre puissance.
Ces micro-ajustements doivent être pratiqués jusqu'à devenir instinctifs, s'activant automatiquement en réponse aux indicateurs subtils qui précèdent un crochet - comme une légère rotation de l'épaule adverse ou un transfert de poids caractéristique. L'anticipation correcte est cruciale, car ces mouvements défensifs, exécutés trop tard, peuvent paradoxalement augmenter votre vulnérabilité en déplaçant votre tête dans la trajectoire du coup.
Technique du regard périphérique développée par lomachenko
Vasyl Lomachenko a révolutionné l'aspect cognitif de la défense en boxe en développant une utilisation extraordinaire du regard périphérique. Cette approche neurologique avancée permet au boxeur de maintenir une conscience spatiale complète tout en concentrant son attention principale sur des zones stratégiques spécifiques de l'adversaire.
Pour développer cette capacité, Lomachenko utilise des exercices spécifiques qui entraînent le cerveau à traiter simultanément les informations visuelles centrales et périphériques. La technique consiste à fixer le centre de masse de l'adversaire (généralement le sternum) tout en maintenant une conscience active des mouvements des épaules, des hanches et des pieds. Cette distribution de l'attention visuelle permet de détecter les signes précurseurs d'une attaque bien avant qu'elle ne se manifeste pleinement.
L'avantage défensif de cette technique est considérable - elle fournit un temps de réaction supplémentaire crucial, permettant d'ajuster la garde ou de préparer une esquive avant même que l'adversaire n'ait complété son mouvement offensif. Lomachenko combine cette vision périphérique avec une maîtrise exceptionnelle des angles, créant ainsi un système défensif qui semble presque prémonitoire dans sa capacité à anticiper et neutraliser les attaques adverses.
Gardes spécifiques contre différents styles d'adversaires
L'adaptabilité de la garde constitue un avantage tactique décisif face à la diversité des styles de combat. Un boxeur complet doit maîtriser plusieurs configurations défensives et savoir les déployer stratégiquement selon les caractéristiques spécifiques de son adversaire. Cette adaptabilité transforme la garde d'une simple barrière protectrice en un outil offensif qui peut déstabiliser l'adversaire et perturber sa stratégie d'attaque.
Face à un presseur agressif qui avance constamment, une garde haute et compacte avec les coudes bien serrés offre une protection maximale contre les combinaisons puissantes. La position des pieds doit privilégier la mobilité latérale pour éviter d'être acculé aux cordes, tout en maintenant une base suffisamment stable pour absorber la pression physique. Les contre-attaqueurs comme Floyd Mayweather excellent dans cette configuration, transformant la garde défensive en plateforme pour des contres précis et démoralisants.
Contre un boxeur technique qui privilégie la distance et le jab, une garde légèrement plus ouverte avec la main avant positionnée plus loin du visage permet d'intercepter et de contrôler le jab adverse. Cette configuration facilite également les feintes et les entrées rapides pour réduire la distance. La main arrière reste néanmoins proche du menton pour se protéger des droits potentiels qui suivraient une feinte de jab.
Adapter sa garde n'est pas un signe de faiblesse mais de maîtrise tactique. Les plus grands champions sont ceux qui savent transformer leur défense pour exploiter les faiblesses spécifiques de chaque adversaire, transformant leur garde en véritable déclaration stratégique.
Face aux combattants southpaw (gauchers), une modification significative de la garde s'impose. Le pied avant doit être positionné légèrement plus à l'extérieur pour contrôler l'angle d'attaque du gaucher et neutraliser son avantage angulaire naturel. La main avant monte légèrement plus haut pour intercepter le crochet du gauche, tandis que la main arrière reste vigilante contre le jab, souvent négligé mais particulièrement efficace chez les southpaws expérimentés.
Adaptation de la garde pendant les échanges et après une touche
Le dynamisme d'un combat impose une évolution constante de la garde, particulièrement pendant les échanges rapprochés où la configuration défensive statique devient insuffisante. Dans ces moments d'intensité maximale, la garde se transforme en système réactif qui s'ajuste instantanément aux trajectoires et à la cadence des coups adverses, tout en maintenant une protection des zones vitales.
Lors d'un échange soutenu, la priorité défensive évolue vers une protection maximale du menton et des tempes, quitte à exposer momentanément des zones moins vulnérables. Les coudes se relèvent légèrement, les épaules se haussent pour protéger la mâchoire, et la tête adopte un mouvement pendulaire minimaliste pour éviter les impacts directs. Ces ajustements créent un système défensif mobile qui complique considérablement la tâche de l'adversaire cherchant à placer un coup décisif.
Après avoir encaissé une touche significative, la reconfiguration immédiate de la garde devient vitale. La réaction instinctive du boxeur inexpérimenté est souvent de protéger excessivement la zone touchée, créant des ouvertures ailleurs - une erreur potentiellement fatale contre un adversaire expérimenté. La réponse appropriée consiste à revenir momentanément à une garde haute et compacte, légèrement plus fermée que la normale, tout en rétablissant la distance de sécurité par un déplacement latéral contrôlé.
Cette période transitoire suivant un impact important est particulièrement délicate et requiert une discipline mentale exceptionnelle. Le boxeur doit résister à l'impulsion de riposter immédiatement par vengeance, ce qui l'exposerait davantage, et privilégier au contraire la reconsolidation de sa position défensive. Une fois la garde stabilisée et la clarté mentale retrouvée, il peut envisager une contre-offensive calculée depuis cette position sécurisée.
Exercices de renforcement pour maintenir une garde solide en fin de combat
La fatigue représente l'ennemi invisible le plus redoutable pour la garde du boxeur. Même la technique la plus parfaite se dégrade inévitablement sous l'effet de l'épuisement musculaire et mental, exposant progressivement les zones vulnérables que vous aviez si soigneusement protégées dans les premiers rounds. Un programme d'entraînement complet doit donc intégrer des exercices spécifiques visant à maintenir l'intégrité de la garde même dans des conditions d'extrême fatigue.
Au-delà du simple renforcement musculaire des épaules, des bras et du tronc, ces exercices doivent reproduire les conditions psychophysiologiques du combat prolongé - combinant stress cardio-vasculaire, épuisement musculaire et pression cognitive. L'objectif est de conditionner le corps et l'esprit à maintenir une garde techniquement correcte même lorsque tous les systèmes internes signalent l'épuisement et poussent à l'abandon des positions défensives optimales.
Drill de résistance isométrique des épaules utilisé au wild card gym
Le Wild Card Gym de Freddie Roach a développé un drill d'endurance isométrique spécifiquement conçu pour renforcer la capacité des boxeurs à maintenir leur garde en fin de combat. Cet exercice cible principalement les deltoïdes, les trapèzes et les stabilisateurs de l'épaule - muscles critiques qui, lorsqu'ils sont épuisés, entraînent inévitablement l'affaissement de la garde et une vulnérabilité accrue.
L'exercice consiste à maintenir une position de garde parfaite avec des haltères légers (1-2 kg) pendant des intervalles prolongés, typiquement structurés pour simuler la durée des rounds. Le boxeur adopte sa position de garde habituelle avec les haltères dans les mains, maintenant strictement cette position pendant trois minutes, suivies de courtes périodes de récupération active d'une minute. La progression s'effectue en augmentant graduellement le nombre de "rounds" plutôt que le poids des haltères, l'objectif étant l'endurance spécifique plutôt que la force maximale.
La particularité de cet exercice réside dans l'attention portée aux micro-ajustements constants pour maintenir la position optimale malgré la fatigue croissante. L'entraîneur corrige continuellement la posture, obligeant le boxeur à lutter contre la tendance naturelle à modifier sa garde pour soulager la tension musculaire. Cette discipline rigoureuse forge une mémoire musculaire capable de résister à la fatigue du combat réel, permettant au boxeur de maintenir sa protection même dans les moments critiques des derniers rounds.
Entraînement neuronal avec le protocole parkinson de coordination
Le protocole Parkinson, nommé d'après le légendaire entraîneur Cus D'Amato et son protégé Kevin Rooney, va au-delà du simple renforcement musculaire pour adresser l'aspect neurologique de la garde. Ce système d'entraînement sophistiqué vise à automatiser les mécanismes défensifs au niveau du système nerveux central, les rendant ainsi moins vulnérables à la fatigue cognitive qui survient inévitablement en fin de combat.
L'exercice fondamental de ce protocole implique des séquences défensives complexes exécutées à vitesse croissante, combinées à des éléments de perturbation cognitive. Par exemple, le boxeur maintient sa garde pendant qu'un entraîneur lance des combinaisons de coups tout en posant simultanément des questions mathématiques simples auxquelles l'athlète doit répondre. Cette double tâche force le cerveau à partager ses ressources attentionnelles, simulant la charge cognitive d'un combat réel où la garde doit rester intacte malgré la nécessité de prendre des décisions tactiques complexes.
La progression dans ce protocole s'effectue en augmentant graduellement la complexité des séquences défensives, la vitesse d'exécution et la difficulté des tâches cognitives simultanées. L'objectif ultime est de développer une garde qui reste techniquement parfaite même lorsque le cerveau est focalisé sur d'autres aspects du combat - une capacité particulièrement précieuse dans les derniers rounds, lorsque la fatigue mentale affecte le jugement tactique et la concentration.
Circuit de fatigue contrôlée selon la méthode Jean-Marc mormeck
Le multiple champion du monde Jean-Marc Mormeck a développé un système d'entraînement spécifique qui simule les conditions d'un combat prolongé, permettant au boxeur d'expérimenter et de surmonter la détérioration de sa garde sous l'effet de la fatigue extrême. Ce circuit d'endurance spécifique reproduit les demandes énergétiques d'un combat complet, tout en maintenant une exigence technique absolue concernant la position défensive.
Le circuit Mormeck comprend typiquement six stations représentant différentes phases d'un combat: travail au sac lourd pour la puissance, shadowboxing défensif pour la technique pure, exercices pliométriques pour simuler l'explosivité nécessaire à l'esquive, travail aux pattes d'ours pour la précision sous fatigue, corde à sauter pour l'endurance cardio-vasculaire, et enfin sparring léger contrôlé. L'originalité de cette approche réside dans l'observation constante de la garde pendant tout le circuit - chaque station incluant des pénalités spécifiques (répétitions supplémentaires) si la garde se dégrade sous l'effet de la fatigue.
Cette méthode développe non seulement la résistance physique nécessaire pour maintenir une garde efficace en fin de combat, mais également la conscience proprioceptive permettant au boxeur de détecter lui-même les moments où sa garde commence à s'affaisser. Cette auto-régulation devient un réflexe précieux en situation de combat, permettant des ajustements préventifs avant que la dégradation défensive ne devienne visible pour l'adversaire et exploitable.
Simulation de pression avec sacs et pads façon robert garcia
L'entraîneur d'élite Robert Garcia a perfectionné une méthode d'entraînement spécifiquement conçue pour renforcer la garde sous pression intense, simulant les conditions extrêmes d'un combat contre un adversaire agressif. Cette technique d'entraînement est particulièrement efficace pour préparer les boxeurs à maintenir leur système défensif intact face à des adversaires qui tentent de briser leur garde par la force brute et la pression constante.
L'exercice se déroule dans un espace délibérément restreint, souvent dans un coin du ring, où le boxeur est entouré par deux ou trois entraîneurs munis de pads de frappe et de petits sacs. Ces derniers bombardent le boxeur de combinaisons à haute intensité, ciblant délibérément les ouvertures qui apparaissent lorsque la garde commence à se détériorer sous l'effet de la fatigue. Le boxeur doit maintenir une garde impeccable tout en répondant par des contre-attaques précises, sans possibilité de fuite ou de répit.
La particularité de cette méthode réside dans son intensité psychologique - l'exercice est conçu pour créer une sensation d'oppression similaire à celle ressentie dans les moments les plus difficiles d'un combat.